Il est temps de repenser les attitudes à l'égard des OGM

Malheureusement, même si nous avons des exemples d'avancées biotechnologiques, comme le lait produit en laboratoire et les légumes génétiquement modifiés pour une meilleure nutrition et une meilleure durée de conservation, l'opinion des consommateurs est encore figée dans le passé. Il est temps d'aider les consommateurs à voir les avantages de la biotechnologie et à l'adopter pour contribuer à résoudre les problèmes mondiaux en matière d'alimentation et de nutrition.

Qu'est-ce qu'un organisme génétiquement modifié ?

La modification génétique consiste à transférer un gène d'un type d'organisme à un autre afin de reproduire la caractéristique souhaitée dans le nouvel organisme et de modifier ainsi sa composition génétique.

D'autres technologies, comme l'édition de gènes, sont moins controversées. La technologie de l'édition de gènes cible des gènes spécifiques au sein d'un organisme afin de favoriser certaines caractéristiques ou d'en limiter d'autres. L'édition de gènes fonctionne avec les gènes existants et n'introduit pas d'ADN provenant d'un autre organisme. La technique CRISPR a permis la prolifération de produits en cours de développement utilisant la technologie d'édition de gènes.

Les changements réglementaires rattrapent enfin les avancées technologiques

Les gouvernements reconnaissent désormais les avantages de la biotechnologie (OGM, édition de gènes et autres) et modifient les réglementations. La prochaine étape consistera à communiquer ces avantages aux consommateurs.

En septembre 2021, le ministère britannique de l'environnement, de l'alimentation et des affaires rurales a publié les résultats de sa consultation sur la réglementation des technologies génétiques. Le communiqué de presse explique que les produits fabriqués à l'aide de technologies génétiques (y compris l'édition de gènes) qui auraient pu être obtenus par sélection traditionnelle seront désormais considérés différemment des produits OGM.

Le document souligne également que le gouvernement s'engage à présent dans un processus de mise à jour des réglementations existantes sur les OGM afin de les adapter aux progrès de la technologie. Le gouvernement britannique, tout comme l'UE, a reconnu que sa législation actuelle sur les organismes génétiquement modifiés n'est plus adaptée et doit être mise à jour.

L'étiquetage actuel des produits conduit à une recherche de l'inexistant

Pour informer les consommateurs, des pays comme le Royaume-Uni, les États-Unis et l'Australie disposent de réglementations qui exigent l'étiquetage de la présence d'ingrédients génétiquement modifiés dans les aliments. À la suite de ces exigences d'étiquetage, les supermarchés australiens et américains ont commencé à insister auprès de leurs fournisseurs pour qu'ils prouvent que leurs produits ne contenaient pas de matériel génétique nouveau. La conséquence involontaire de l'étiquetage des aliments comme étant sans OGM est qu'il peut donner l'impression que ces aliments ont un équivalent génétiquement modifié. En réalité, très peu d'aliments cultivés dans le monde pour la consommation humaine sont actuellement génétiquement modifiés.

Lier la technologie à des avantages tangibles pour les consommateurs

Le soja et le maïs Bt d'origine ont suscité beaucoup de craintes dans l'opinion publique parce que les entreprises étaient perçues comme profitant au détriment des préoccupations des consommateurs en matière de biodiversité environnementale et de santé humaine. Des rapports ont également fait état d'un traitement contraire à l'éthique des agriculteurs. Comme il semblait y avoir plus de risques que d'avantages directs pour les consommateurs individuels, le sentiment public s'est figé et il est devenu difficile de changer l'opinion des gens.

Pour les marques, le défi consiste à répondre à certaines de ces préoccupations en faisant preuve d'une grande transparence dans leurs processus et en mettant l'accent sur les avantages évidents que les aliments contenant des OGM présentent pour les consommateurs :

• Garder les aliments frais plus longtemps - Aux États-Unis, 36 % des consommateurs sont intéressés par les fruits génétiquement modifiés pour qu'ils restent frais plus longtemps, afin de réduire le gaspillage alimentaire.
• Offrir une meilleure nutrition - Au Royaume-Uni, environ 32 % des consommateurs sont prêts à acheter des produits génétiquement modifiés conçus pour être plus nutritifs que les produits standard.
• Fournir des produits plus durables - Aux États-Unis, 16 % des consommateurs ont déclaré qu'ils mangeraient de la viande produite en laboratoire si elle avait le même goût que la viande provenant d'un animal.

Le meilleur moyen de mettre en évidence les avantages de la biotechnologie pour les consommateurs est d'expliquer que sans cette technologie, ils pourraient perdre leurs aliments préférés. Dans les années 1990, par exemple, les scientifiques ont eu recours à la modification génétique pour créer des papayes résistantes au virus de la tache annulaire de la papaye. Ce virus avait affecté la quasi-totalité des cultures de papayes à Hawaï et réduit leur production de près de 50 %.

Après avoir testé les papayes génétiquement modifiées, les scientifiques ont collaboré avec un partenariat public-privé pour mettre les semences à la disposition des agriculteurs. Dix ans après l'essai, 90 % des papayes plantées à Hawaï étaient des variétés génétiquement modifiées.

Il ne fait aucun doute que cette innovation a sauvé la viabilité commerciale de l'industrie de la papaye et a également préservé la papaye pour le plaisir des consommateurs. Sans elle, la sélection naturelle aurait pu entraîner l'extinction de la papaye.

Exploiter la génération Z pour changer le discours sur les OGM

Les membres de la génération Z sont moins motivés pour choisir un produit alimentaire en fonction de son absence d'OGM. Au Canada, l'étude Mintel montre que seuls 21 % des 18-25 ans ont déclaré que l'absence d'OGM était importante lorsqu'ils achetaient des produits alimentaires, contre 34 % des 45-54 ans. Les consommateurs plus âgés peuvent être influencés par l'histoire de la biotechnologie dans l'alimentation. Néanmoins, la génération Z peut délivrer un message nouveau et a la capacité de changer la rhétorique pour l'avenir.

• Les membres de la génération Zsont des acteurs du changement - Les membres de la génération Z (nés entre 2012 et 1997) sont plus enclins que les générations précédentes à parler de questions sociales avec leurs amis, à signer des pétitions et à rejoindre des groupes d'activistes.
• Les membres de la générationZ sont optimistes - 68 % des Canadiens âgés de 18 à 25 ans se décrivent comme optimistes.
• Les membres de lagénération Z veulent que les marques fassent preuve d'équité sociale - 61 % des consommateurs âgés de 18 à 25 ans affirment que les marques devraient participer à des campagnes en faveur de l'équité sociale.

Les jeunes consommateurs voient les OGM sous un angle plus pratique, car ils ne connaissent pas l'histoire des OGM et sont familiarisés avec le rôle de la technologie dans de nombreux aspects de leur vie. Par conséquent, la génération Z serait un bon groupe pour remettre en question le scepticisme des consommateurs à l'égard d'autres biotechnologies utiles pour améliorer notre système alimentaire. Ils sont également bien équipés pour aider à éduquer les autres sur les pièges de la publicité sans OGM avec une opinion plus équilibrée.

Ce que pense Mintel

La réaction négative des consommateurs à l'égard des aliments contenant des OGM lors de leur mise sur le marché est un sentiment difficile à changer. Mais si nous voulons résoudre les problèmes plus importants de la faim dans le monde et de l'insécurité alimentaire, les gouvernements, les entreprises et les détaillants doivent jouer un rôle pour changer la rhétorique autour de la biotechnologie dans l'alimentation. Les produits qui utilisent ces nouvelles technologies peuvent séduire les consommateurs en étant ouvertement transparents sur leur processus et en se concentrant sur les avantages qu'ils apportent aux consommateurs. Les personnes les mieux placées pour faire passer le message sont les jeunes consommateurs qui n'ont pas le bagage du passé. Ils sont à la recherche de la vérité et sont suffisamment optimistes et passionnés pour changer l'avenir.